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Mar 10 Oct - 10:07
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Le cimetière était couvert de givre en cette aube glaciale. Comme des ornements d’une indécente beauté, des centaines de cristaux pendaient aux branches des arbres. Un simple rayon de soleil aurait pu rendre cette scène d’une féérie à couper le souffle et peut-être alléger quelque peu le fardeau qui pesait sur eux tous. Mais le soleil ne les caresserait pas de ses rayons ce matin-là non plus. Comme tous les jours précédents et tous ceux à venir, l’épais couvercle de pollution qui dominait la ville les laisserait dans les habituelles ténèbres partielles.
Une lumière froide et fantomatique laissait voir les visages pâles aux traits tirés tous tournés dans la même direction. Des rangées innombrables de visages de marbre, parfois striés de larmes, mais pour la plupart pétrifiés par un masque glacé dissimulant toute émotion.
Emmitouflés dans des lainages et des fourrures, leurs armes bien sagement rangées dans leurs étuis ou posées à leurs pieds, tous les Hunters et les vampires du VII restaient parfaitement immobiles malgré le froid mordant et rougissant leur peau, brûlant leurs yeux de larmes irritantes. Tous regardaient dans une seule et même direction : un immense bûcher sur lequel avait été disposé le corps. Honorant en silence la mémoire du personnage disparu, ils attendaient la fin de l’oraison funèbre.
Parmi eux, il en était une qui regardait remuer les lèvres de celui qui avait pris la parole mais qui n’entendait rien. Meurtrie par la beauté givrée de cette aurore figée, elle était seule au milieu d’un monde vide et silencieux, bourdonnant d’une vie qu’elle rêvait de déchirer de ses doigts nus.
Vint le moment où, comme les autres, elle brandit son arme et poussa son cri de guerre. Le VII savait rendre hommage aux siens, c’était indéniable. En ce petit matin glacial, ils étaient des guerriers antiques, une armée de morts en sursis. Combien de ces visages seraient encore là dans un an ? Dans six mois ?
Les torches approchèrent et les flammes s’élevèrent, dissipant partiellement les ombres et amenant une lumière chaude obscène et malvenue sur la foule assemblée. Le dégoût et la haine auraient du l’habiter encore mais le cimetière les avait enfermés dans une parenthèse insensible. Bientôt pourtant, il faudrait revenir à la vie, à la mort qui les attendait et aux couloirs habituels. Pourquoi ne pouvaient-ils pas simplement tous disparaître ?
La violence de cette pensée lui coupa le souffle et elle crut se plier en deux, vomir le vide qui lui faisait tourner la tête. Mais non. Comme l’un de ces soldats asiatiques en terre cuite, elle restait là, pétrifiée, composant une armée inutile.
Un crépuscule brunâtre et triste avait étendu ses ailes sur le cimetière vide quand elle prit conscience d’une présence à ses côtés. Il était revenu la chercher. Ou peut-être n’était-il pas parti. Ils n’échangèrent pas un mot ni même un regard quand il la souleva, comprenant sans explication qu’elle était incapable de bouger. Elle ferma les yeux alors, et l’abandon la gagna.
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Mar 10 Oct - 21:25
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Sa mission s'était achevée à l'aube et il avait contemplé le ciel sombre à la recherche du moindre éclat de lumière annonçant le début de la journée en sachant qu'il n'en serait rien. La pollution persistait à masquer l'astre qui leur donnait la vie. Il était encore dans les temps, il pouvait y être, il fallait qu'il y soit. Pour eux, mais aussi pour elle. Surtout pour elle.
Alors il avait couru à en perdre haleine à travers les rues, malgré la fatigue et au delà de la douleur physique qui ne serait rien en comparaison de ce qui l'attendait là-bas.
Il avait ignoré les volutes de buée qui s’échappaient de sa bouche, la raideur de son bras meurtri par cette blessure nocturne et le froid glacial qui engourdissait ses doigts durant sa course.

Son arrivée au cimetière était passée inaperçue et de loin, il avait entendu l'oraison funèbre qui s'élevait dans les airs comme une prière, un souhait peut-être, un chant mélancolique sur lequel ils danseraient tous un jour ou l'autre. Elle était là, bien rangée parmi ses semblables, fière et droite, le regard vide tourné vers un monde auquel même lui n'avait pas accès. En silence, il s'était rangé à son côté tandis que son souffle se calmait, avait brandi son arme en même temps que les autres et poussé lui aussi son cri de guerre au rythme des battements violents de son coeur.
Ensuite, lorsque les flammes avaient étendu leur lumière en se nourrissant de leur sombre offrande, il avait retenu son souffle et avait pensé que ça aurait pu être lui, ou elle, ou encore n'importe lequel d'entre eux.
Naturellement, il avait alors tourné son visage vers elle, observé ses traits tellement similaires aux siens, ce profil dont il connaissait par coeur tous les contours. Avec émotion, il avait inspiré cet air frais qu'il accueillait comme une résurrection. La vie vibrait encore en chacun d'eux mais pour combien de temps ? Les morts s’enchaînaient autant que les missions ces derniers temps et nul ne savait qui se tenait réellement derrière tout ça. Ils ne pouvaient qu'accuser le coup et lui ne pouvait qu'espérer que la mort resterait loin, le plus longtemps possible, de celle qui comptait le plus pour lui.
Le groupe se dissipa lentement face au crépuscule, certains séchant leurs larmes dans un mouvement rageur, d'autres gémissant encore leur perte. Elle demeurait là, brisée, transie du vide qui les consumait tous, ne pouvant crier sa détresse. Dans un élan de tendresse et de compréhension, il la prit dans ses bras et la souleva du sol.
Aussi légère qu'une plume, la pensée fugace de savoir si elle avait mangé ces derniers jours le traversa soudain. Lorsqu'elle ferma les yeux pour s'abandonner à l'inconscience dans un repli salvateur, il sut qu'il avait fait le bon choix.
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Mar 10 Oct - 21:39
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Ils s’étaient fondus dans les ombres pour regagner leur repaire, comme toujours. Même au VII, ils passaient pour des marginaux, des inadaptés, des animaux étranges qu’il ne fallait pas trop approcher, encore moins fréquenter. Elle n’ignorait pas ce qui se murmurait sur leur passage et dans leur dos. Bizarres. Fornicateurs. Incestueux. Monstrueux. Ils étaient tous très loin du compte. Une même âme dans deux corps, voilà ce qu’ils étaient. Un seul être. Et si leur vie unique et fusionnelle leur posait problème, c’était à eux de se remettre en question. Les jumeaux ne se souciaient pas du reste du monde, ni de sexe ou de règles sociales. Ils étaient un. Tout simplement.

- Tu saignes, murmura-t-elle alors qu’ils atteignaient leur chambre, dans l’aile des Hunters mais à l’écart des autres.

C’était un constat, pas une question ni une accusation. Une simple affirmation qu’elle aurait aussi bien pu n’énoncer que dans sa tête. Elle sentit bien plus qu’elle n’entendit le grognement sourd qui lui répondit. Elle n’avait pas encore ouvert les yeux mais devinait son sourire.
Ses pieds touchèrent terre en douceur et elle se redressa. Il avait senti qu’elle tiendrait debout. Il savait tout. Exactement comme elle savait que là, sous sa manche, une estafilade attendait ses soins. Aucun mot superflu. Elle le défit des épaisseurs qui le couvraient, le fit asseoir dans un fauteuil, et prit place à ses pieds, agenouillée telle une orante pour examiner la plaie. Pas méchante, mais il lui fallait des points. Tirant une boîte de sous la table basse, elle déplia le couvercle et sortit le nécessaire, étalant soigneusement et posément les objets les uns après les autres.
Le calme les suivait, les enveloppait même, comme s’ils étaient toujours isolés du reste du monde. Comme avant une immense tempête. Peut-être à cause du fait qu’ils avaient grandi à deux en apprenant à se défendre, à se protéger et se soigner mutuellement, en apprenant à ne compter que l’un sur l’autre quoi qu’il advienne. La blessure désinfectée, elle entreprit une série de petites sutures régulières puis coupa le fil avec ses dents et leva enfin les yeux pour croiser son regard avec un sourire. Elle avait repoussé ce moment sachant qu’il verrait sur ses traits combien elle était éprouvée et lirait dans ses yeux l’insondable tristesse qui s’était déployée dans son cœur. La mort de l’un des leurs lui faisait toujours un effet violent et désarmant. Parce qu’elle savait ce qui était écrit mais ne pouvait lutter. Ils seraient les derniers. Ils seraient les premiers.
Adam et Ève.
Il était temps de partir et d’accomplir ce qui devait l’être.
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Mar 10 Oct - 22:08
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Ce même appartement, cette même scène. Combien de fois l'avaient-ils jouée ? Trop, c'était indéniable. Ce soir devait être la dernière, il se l'était promis.
Sans même la voir, elle avait remarqué sa blessure et il n'avait pu retenir le sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres malgré le grognement qui résonnait encore dans sa poitrine. Il avait alors fermé la porte derrière eux puis avait déposé sa soeur à terre jugeant qu'elle tiendrait bon. Il ne s'était pas trompé, comme d'habitude. Fragile, sensible, elle était le démon capable de trancher une tête, de poignarder un coeur, de renvoyer dans les enfers les monstres contre lesquels ils luttaient tous deux et de pleurer juste après, rongée par la culpabilité d'avoir volé une existence avant de se rendre compte qu'en la prenant, elle épargnait des innocents.
Sans un mot elle l'avait dévêtu et docile, il l'avait laissé faire. Agenouillée face à lui, elle avait pansé sa plaie, usé de l'aiguille et désinfecté l'entaille. Il avait serré les dents, charmé par le visage soudainement serein de sa soeur. Sa beauté s'exprimait dans la concentration autant que dans l'oubli du monde qui les entourait. Elle lui avait alors souri, fière de son ouvrage, mais il avait remarqué la douleur dans son regard et la fatigue marquant les contours de sa bouche pleine. Il était temps, elle ne survivrait pas à une perte supplémentaire.

Il s'était levé puis s'était dirigé vers sa chambre, avait enfilé un sous-pull propre, rangé les armes qu'il cachait au fond du tiroir de sa commode dans un large sac qu'il avait retrouvé gisant au bas de son armoire. Lorsqu'il était revenu au salon, elle était prête elle aussi. Son sourire avait trouvé un écho dans le sien, le leur. Tout était dit, en une fraction de seconde, ils savaient dans quoi ils s'engageaient. Une mission suicide penseraient certains, une victoire éclatante songeraient d'autres, cela n'avait pas d'importance. Elle remonta son sac sur son épaule, il lança le sien par dessus la sienne et avec une détermination sans faille, annonça :

- On y va.

Trois mots. Trois mots qui fixeraient à jamais ce qu'il adviendrait d'eux. Trois mots qui semblèrent résonner un moment dans la pièce chargée de souvenirs qui les accueillait chaque jour depuis tant d'années.
La porte claqua après leur départ pour la dernière fois. Aucun d'eux n'avait pris les clés. Peu importe le destin qui les attendait, ils savaient qu'ils ne reviendraient pas.
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